Encéphalopathie de Gayet-Wernicke : les sujets âgés sont aussi à risque. À propos de trois cas - 02/12/14

Riassunto |
Introduction |
Décrite comme entité en 1881 par Carl Wernicke, c’est Cambell et Russell dans les années 40 qui ont suggéré le lien entre l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke (EGW) et carence nutritionnelle en thiamine (vitamine B1). Classiquement décrite chez les alcooliques, les patients ayant une alimentation entérale exclusive ou encore des vomissements incoercibles, cette pathologie peut se rencontrer chez les patients âgés malnutris avec des carences multiples.
Patients et méthodes |
Nous rapportons 3 situations cliniques en gériatrie faisant l’objet d’un diagnostic d’EGW, rapidement améliorés par la supplémentation en thiamine.
Résultats |
Cas 1 : une patiente âgée de 80ans a été admise pour sepsis sévère sur pneumopathie d’inhalation. Biologie à l’admission : thiamine à 71nmol/L (N : 67–147), hypoalbuminémie à 20g/L (N : 36–47). Dix jours après l’admission, apparition de troubles de la vigilance (Glasgow score à 9) et d’un strabisme convergent bilatéral asymétrique. Le diagnostic d’EGW était confirmé par l’imagerie par résonance magnétique cérébrale (IRM). On notait une amélioration progressive neurologique après la supplémentation en thiamine par voie intraveineuse à la posologie de 1g par jour. Cas 2 : une patient âgée de 81ans a été hospitalisée pour décompensation diabétique hyperosmolaire compliquant une pneumopathie d’inhalation. Biologie à l’admission : hypoalbuminémie à 18g/L et vitaminémie B1 à 70nmol/L. Douze jours après l’admission, apparition de troubles neurologiques (Glasgow score à 8) et troubles oculomoteurs à type de strabisme convergent bilatéral asymétrique. Scanner cérébral normal. Supplémentation en thiamine dans l’hypothèse d’une EGW, sans attendre l’IRM cérébrale, avec récupération de l’état de vigilance antérieure. Cas 3 : un patient âgé de 80ans a été hospitalisé pour gastrite érythémateuse avec anorexie totale et vomissements. Biologie à l’admission : carence en thiamine à 52nmol/L sans dénutrition protéique. Apparition d’une confusion, de troubles d’équilibre et d’un nystagmus bilatéral horizontal douze jours après l’admission. Le scanner cérébral revient normal. Supplémentation en vitamine B1 avec amélioration de la vigilance, disparition du nystagmus et reprise de la marche.
Discussion |
L’EGW se manifeste par un syndrome confusionnel, des troubles oculomoteurs, des anomalies de la marche et de l’équilibre. Cette triade complète n’est présente que dans 16 à 38 % des cas. Chez le sujet âgé, d’autres signes aspécifiques (asthénie, perte d’audition, stupeur, signes végétatifs : hypotension, hypothermie, bradycardie) peuvent traduire une carence en thiamine. Les réserves en thiamine sont faibles et déplétées en 3semaines en l’absence d’apport. En plus des carences alimentaires, certaines situations accélèrent les pertes en thiamine (vomissements ou diarrhées incoercibles, utilisation de diurétiques qui augmentent la clairance de la thiamine et diminuent la production de sa forme active par élimination rénale du magnésium), comme dans nos 3 cas. Le sepsis (cas 1 et 2) et les apports en soluté glucosé (les 3 cas) augmentent la consommation en thiamine. L’utilisation des antibiotiques participe à la diminution des stocks de thiamine par une toxicité directe sur cette vitamine (cas 1 et 2). Ces situations à risque expliquent que la carence en thiamine s’était constituée au cours de l’hospitalisation dans nos cas 1 et 2, le dosage plasmatique de thiamine était normal bas à l’admission. L’amélioration clinique après l’apport de thiamine était en faveur du diagnostic d’EGW dans nos 3 situations cliniques.
Conclusion |
Malgré des progrès importants réalisés dans la compréhension de la physiopathologie, la prophylaxie et la gestion de l’EGW, cette pathologie potentiellement mortelle reste encore largement sous-diagnostiquée. La supplémentation rapide en polyvitamines, y compris la thiamine, doit être envisagée dans les situations cliniques à risque.
Il testo completo di questo articolo è disponibile in PDF.Mappa
Vol 35 - N° S2
P. A187-A188 - Dicembre 2014 Ritorno al numeroBenvenuto su EM|consulte, il riferimento dei professionisti della salute.
L'accesso al testo integrale di questo articolo richiede un abbonamento.
Già abbonato a @@106933@@ rivista ?